ORANGE BANK : BRAQUAGE ENTRE PARTENAIRES
- henryboulanger
- 6 sept. 2023
- 3 min de lecture

Encore par voie de presse
et avant que les Instances du Personnel n’en soient informées, la direction d’Orange décide de se séparer d’une autre activité, et pas des moindres, la « banque en ligne ». Ce n’est pas la première fois que la direction est susceptible
d’être en délit d’entrave.
Autre délit, le braquage :
Avant tout, ne pas faire trop de vagues en promettant de reclasser les quelques 700 salarié.es de la filiale au sein du groupe Orange (nous, nous comptons jusqu’à 800 salarié.es…) mais cela reste une promesse, donnée par des spéculateur.trices qui se précipitent pour brader Orange depuis 18 mois.
Sous couvert d’un « partenariat »,
« Hello bank » (filiale de la banque BNP Paribas) 6ièm banque digital en nombre de clients (derrière Orange Bank 4ièmdu classement) serait la grande bénéficiaire d’une transaction des plus douteuse mais bien fructueuse. Ce n’est pas une cession de la filiale d’Orange, mais plus exactement il est prévu "le référencement auprès de BNP Paribas de quelque 800.000 clients", voire plus.
C’est-à-dire que pendant 2 ans, la banque numérique d’Orange s’engage à ses frais, à pousser ses clients vers son concurrent jusqu’à disparaitre, faute de client… Hello Bank n’aura qu’à attendre, sans lever le petit doigt pour engranger et lui permettre d’atteindre en 1 an ses objectifs de recrutement sur 2 ans. Véritable cadeau pour BNP Paribas, Orange Bank se faisant siphonner son portefeuille de clients qu’il avait progressivement constitué en 6 ans. Naturellement, nous serions bien suspicieux de penser que cet accommodement, entre individus bien renseignés, aurait à voir avec le cumul de fonctions de Monsieur Jacques Aschenbroich, directeur d’Orange et membre du Conseil d’Administration du partenaire et concurrent BNP Paribas.
Reclassement des salarié.es, certes, mais à tort et à travers :
Les 800 salarié.es (640 en France et 160 à l'étranger) seraient reclassé-es selon la direction. Qui peut croire cette entreprise du CAC 40, en perpétuels chantiers de démolition, qui ne cesse de pousser les salarié-es à partir ? La direction communique « Il nous semble important d’ores et déjà de préciser que la priorité du Groupe sera d’assurer un accompagnement exemplaire de l’ensemble des salarié-es d’Orange Bank. ». Nous savons ce que signifie cette formulation au vu des réorganisations récentes.
Depuis des années le discours de l’entreprise, pour les collègues du réseau de distribution, était de promouvoir et vendre des produits bancaires. Une fois de plus la direction montre toute la contradiction dans son discours. Et nos collègues se retrouvent encore un peu plus avec une perte de sens de leur activité.
Le démantèlement s’accélère
Après avoir fermé 652 boutiques entre 2011 et 2022, elle réduit son réseau de distribution, en cédant plus de la moitié de ses fonds de commerce à sa filiale la Générale de Téléphone avec moins de salarié-es. Elle projette un plan de départ volontaire de 679 emplois dans la direction SCE (Services de Communication aux Entreprises). Une première chez Orange, qui avait déjà accéléré sa baisse d’effectifs en choisissant de ne pas compenser tous les départs à la retraite, comme avec l’accord TPS (Temps Partiel Senior) … Et elle continue en se lançant également dans la casse des fonctions RH (Ressources Humaines) avec 2 000 emplois supprimés à terme.
Force est de constater que nous sommes face à un plan social déguisé, dans une entreprise décomplexée, n’ayant plus comme avenir que de prendre pour modèle les autres entreprises du secteur.
Les départs encouragés sont des démissions ou, dans le meilleur des cas, des ruptures de contrats pures et simples.
La justification de cette stratégie, nous la connaissons par cœur : une concurrence agressive, une forte progression de la digitalisation, une dette impossible à combler, un contexte économique défavorable, des plans d'économies qui n'en finissent pas (alors que la rémunération de la directrice générale a été augmentée de 70 % et que le conseil d’administration persiste à verser des dividendes en hausse), la R&D comme la veille technologique qui coûterait trop cher. Encore des sacrifices en perspective, dont les victimes seront les travailleuses et travailleurs au nom du profit, sans aucun projet réel en perspective.

Sans illusion sur le cynisme de la direction qui nous bassine avec l'excellence due au client et son soi-disant "dialogue social", nous constatons une volonté même pas dissimulée d’atteindre un objectif ultime : démanteler l’entreprise ; tout en en réduisant le nombre d'emplois. La direction a annoncé que les dispositions des accords signés après les suicides sous la présidence de Didier Lombard n'étaient pas gravées dans le marbre. De fait, elle réitère ce que nous avons dramatiquement vécu en installant les salarié-es dans un climat de crise sociale les poussant vers la sortie. Nous connaissons malheureusement déjà cette méthode et ses conséquences dévastatrices : en 2008 il s’agissait du plan NEXT dont les instigateurs-trices ont été condamné-es depuis en justice pour harcèlement institutionnel.
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